Comprendre et gérer les troubles du comportement d’un enfant autiste : nos conseils
Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) implique souvent des troubles du comportement. Les parents peuvent parfois se trouver désarmés face aux comportements inadaptés, voire violents, de leur enfant. Voici quelques conseils pour tenter de comprendre et d’atténuer ces troubles.
Les troubles du comportement chez les enfants autistes
Qu’est-ce qu’un trouble du comportement ?
Nous appelons « trouble du comportement » toute manière inadaptée d’agir et de réagir face à une situation.
Un enfant autiste peut développer des troubles du comportement notamment à cause de la perception qu’il a de son environnement, d’une incompréhension, d’une difficulté à s’exprimer ou d’un problème de santé.
L’enfant peut alors s’exprimer d’une manière très vive : agitation, cris, pleurs, agressivité envers autrui ou envers lui-même, évitement de la situation, repli, etc.
Comprendre les troubles du comportement
Un trouble du comportement a toujours une signification. Il est systématiquement lié à l’expression d’un inconfort, d’une frustration, d’une incompréhension, d’une douleur ou de tout autre élément que la personne ne parvient pas à exprimer autrement. Les comportements problèmes sont une forme de communication.
Il est nécessaire de mettre du sens sur chaque trouble du comportement pour pouvoir le transformer. Afin de le comprendre, vous devez donc l’analyser. La méthode ABA enseigne notamment une méthodologie d’analyse du comportement.
L’idée est d’observer très finement et de décrire le comportement sur trois temps.
- La situation juste avant l’apparition du trouble : contexte, personnes présentes, activité en cours, heure, état de santé de la personne, etc.
- Le comportement lui-même : l’enfant crie, mord, fuit, pleure, etc.
- Les conséquences, ce qui se produit après le comportement : arrêt de l’activité en cours, isolement, échappement, câlin, etc.
Cette analyse peut permettre, par exemple, de mettre en avant l’élément déclencheur ou d’observer si la réponse apportée peut-être « attendue » par la personne autiste, ce qui l’amènerait à mettre en place ce comportement.
Nos conseils pour éviter, prévenir et limiter les troubles du comportement
Éliminer les causes somatiques
Un trouble du comportement peut être l’expression d’une douleur, d’un inconfort, d’un problème de santé. Dès que vous constatez un changement de comportement chez votre enfant, vous devez vous demander si ce n’est pas l’expression d’un problème somatique. Bon nombre de troubles du comportement peuvent être dus, pour exemple, à une otite, une douleur dentaire, etc. D’où l’importance de trouver un médecin généraliste que saura prendre le temps de bien ausculter votre enfant et de prévenir d’éventuels problèmes somatiques.
Prévenir les troubles
Il est toujours plus aisé de prévenir un trouble que de le gérer. Grâce à l’observation et à l’analyse des troubles du comportement, vous pouvez mettre en évidence les causes de leur apparition. Une fois que vous les aurez repérées, n’hésitez pas à adapter l’environnement de la personne en amont pour éviter l’apparition des troubles : adaptez l’environnement sensoriel, proposez un emploi du temps visuel pour permettre l’anticipation des changements, facilitez les tâches demandées pour ne pas mettre en échec la personne, etc.
Autant d’adaptations à imaginer pour prévenir l’apparition des troubles.
L’apprentissage de comportements adaptés
Une fois que la cause du trouble du comportement a été identifiée, c’est-à-dire que vous avez compris ce que la personne autiste cherche à vous communiquer, vous pourrez lui enseigner progressivement une manière plus adaptée d’exprimer sa difficulté. Se mettre en situation avec l’enfant en dehors des temps de crise, utiliser des scénarios sociaux et des supports visuels sont des outils intéressants pour cet apprentissage. Différentes ressources peuvent être utilisées et adaptées à chaque enfant. Citons par exemple le coussin ou la boule de la colère, les pictogrammes des émotions, de supports visuels pour exprimer et décrire une douleur, l’apprentissage de techniques de gestion du stress, etc.
Faciliter la communication
Un trouble du comportement apparait souvent lorsque la personne n’a pas de moyen plus adapté pour exprimer une difficulté. Lorsqu’une personne autiste ne parle pas, ou n’utilise pas le langage oral pour communiquer avec ceux qui l’entourent, il est primordial de lui enseigner l’utilisation d’un outil de communication augmenté et alternatif. Une fois mis en place, la personne autiste peut, en fonction de ses capacités, formuler des demandes, des refus, exprimer des difficultés et se rendre compte qu’elle est enfin entendue. La mise en place d’un outil de communication diminue généralement considérablement l’apparition des troubles du comportement.
Informer l’entourage et les personnes qui travaillent avec l’enfant
Afin de prévenir les troubles du comportement dans tous les lieux de vie, il est très important que toutes les personnes qui entourent l’enfant soient informées du protocole mis en place. Les aménagements de l’environnement, les outils d’expression d’un comportement adapté, l’outil de communication, etc. : autant d’éléments à transposer dans tous les lieux de vie de la personne. N’hésitez pas à informer toutes les personnes qui interviennent autour de l’enfant sur ses difficultés et ses besoins.
Mettre l’enfant en sécurité
En cas de crise violente qui mettrait en danger l’enfant et/ou les personnes qui l’entourent, faites-en sorte de rendre l’espace sécurisé. Ne cherchez pas à lui parler, à le raisonner à tout prix ou à vous fâcher. Accompagnez-le calmement dans la gestion de ses émotions, montrez-vous rassurant, en gardant une certaine distance physique si la personne manifeste de la violence. C’est après la crise que celle-ci pourra être travaillée.
Félicitez l’enfant
Dès que votre enfant parvient à exprimer ses difficultés d’une manière plus adaptée, qu’il parvient à maitriser ses émotions d’une manière plus modérée, félicitez-le autant que possible. Il verra ainsi qu’il est sur la bonne voie et aura davantage envie d’aller dans cette direction lorsqu’il sera face à des situations similaires.
Focus sur les éventuelles fugues ou les errances
Anticiper les comportements à risques
Un enfant autiste sur 3 réussirait à sortir du domicile, du centre d'apprentissage, etc. en échappant à la surveillance.
C’est un risque augmenté pour l’enfant qui a tendance à ne pas se rendre compte du danger.
En effet, certaines personnes autistes ont tendance à fuguer ou à errer, tout en étant peu conscientes des dangers. Elles peuvent également réagir de façon excessive face à des personnes et des situations nouvelles, et céder à la panique.
Il est nécessaire de mieux comprendre et d’anticiper ces comportements pour optimiser la sécurité et le bien-être des personnes autistes.
Nous allons tenter de vous donner quelques conseils afin de prévenir les fugues et faciliter les recherches.
L’enfant autiste en fugue agit soit de manière impulsive, attiré par l’extérieur sans percevoir le danger immédiat, soit par peur pour échapper à une situation anxiogène. Cependant, il reste encore difficile d’expliquer tous les cas et situations, c’est pour cela qu’il est important de prendre des précautions.
Informer l’entourage et sécuriser le lieu de vie
Avant toute chose, vous devez sensibiliser l’entourage de l’enfant afin qu’il fasse preuve de la plus grande vigilance quant au risque de fugue.
Veillez à sécuriser les accès vers l’extérieur (portes, portails fermés à clé en permanence, clé à ne pas laisser sur la serrure, etc.). Pensez également aux allées et venues de la famille et des personnes qui pourraient intervenir chez vous (ouvrier, aide à domicile…).
Quand vous le pouvez, préférez des fenêtres à oscillo-battants pour aérer votre domicile. Sinon, munissez-les de systèmes avec serrure et ne laissez pas l’enfant sans surveillance lorsqu’une fenêtre est ouverte.
Identification et géolocalisation (GPS)
Différents dispositifs existent pour identifier votre enfant et plusieurs fournisseurs offrent une variété de produits d'identification ou de géolocalisation. Attention, ils sont souvent conçus pour les personnes avec des troubles cognitifs autres, comme les personnes atteintes d’Alzheimer, et peuvent être complexes à utiliser ou non adaptés.
Avant d’acquérir ce type de matériel, prenez connaissance du communiqué de la CNSA sur les dispositifs de géolocalisation ou balise GPS. Consomag a également réalisé un dossier à ce sujet.
Il se révèlera peut-être complexe d’être certain que votre enfant conserve son dispositif ou sa balise GPS en permanence et il faudra faire preuve d’imagination.
Sans dispositif spécifique, lorsque vous accompagnez votre enfant dans un lieu à risque (parc d’attractions, zoo…), vous pouvez néanmoins notez au marqueur votre numéro de téléphone sur le dos de sa main avant de le recouvrir d’un pansement liquide.
Vous pouvez également faire réaliser des étiquettes thermocollantes ou à coudre, avec un prénom et un numéro de téléphone pour marquer tous les vêtements de votre enfant.
GPS et liberté des personnes : certaines personnes peuvent être réticentes à l’utilisation d’appareils de géolocalisation. Il est donc indispensable de veiller à l’acceptation du port de ces GPS, en discutant avec la personne et en lui expliquant clairement les avantages et les inconvénients.